1. Introduction par M André Rollinger
M. André Rollinger, président de l’ALNU, a adressé ses félicitations aux élèves et aux professeurs des quatre lycées qui participent au Projet 2021, à savoir l’Athénée de Luxembourg, Ecole Privée Fieldgen, Lycée Vauban, et Lycée Nic Biever de Dudelange. Dans le cadre du Projet, ils étudient des droits de l’homme fondamentaux issus de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies de 1948 ainsi que des droits nouveaux, qui sont en cours de conception ou d’élaboration. En 2020, la Déclaration pour le 75e anniversaire des Nations Unies a rappelé que les trois grands piliers des Nations Unies – paix et sécurité, développement et droits de l’homme – sont d’une importance égale, intrinsèquement liés et interdépendants.
2. Expérience de Mme Eleanor Surbey, Chargée de Projet de l’ALNU, lors d’un stage en Russie
Mme Eleanor Surbey, Chargée de Projet à l’ALNU, a parlé de son expérience acquise lors d’un stage en Russie. La troisième année de ses études à l’Université de Cambridge était passée en Russie. Elle a enseigné l’anglais à la ville de Petrozavodska et passé six mois à Moscou, chez ‘Mémorial’, une ONG russe de défense des droits de l’homme.
L’origine de ‘Memorial’ remonte à la période de la perestroïka, où elle organisa une assistance aux prisonniers politiques victimes du régime soviétique. Mme Surbey travaillait sur un projet qu’ils appelaient ‘l’histoire de la dissidence soviétique’. En URSS, il existait un système de circulation clandestine de littérature qui s’appelait le ‘samizdat’, des mots sam, auto, et izdat, publié. Son rôle était de numériser une forme de samizdat appelée la ‘chronique des événements courants’, qui a commencé en 1968 après une manifestation sur la Place Rouge de Moscou contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par des forces soviétiques. La publication non officielle faisait état de violations des droits civils et de la procédure judiciaire par le gouvernement soviétique et des réponses à ces violations par des citoyens à travers l’Union soviétique. Mme Surbey allait aux archives nationales, le ‘GARF’, et travaillait surtout avec des documents manuscrits, des transcriptions, d’interrogations du ‘KGB’. La Russie est très bureaucratique, même pour accéder au GARF il fallait une passe.
Aujourd’hui, Mme Surbey travaille à l’ALNU, mais elle fait aussi de la recherche, en tant que membre d’une équipe de recherche qui fait des entretiens avec des témoins des événements et leurs familles.
3. Les droits de l’homme dans la Chine. Mme Surbey a ensuite donné une présentation en relation avec les droits de l’homme dans la Chine, en se focalisant sur le Hong Kong, le Tibet, et Xinjiang.
Le Hong Kong est une ‘région administrative spécial’ avec 7 millions d’habitants et une ancienne colonie britannique ‘rendue’ à la Chine en 1997. Une période de transition de 50 ans était prévu (‘Un pays, deux systèmes’), mais les actions de la Chine, en commençant par l’introduction d’une loi d’extradition et une prise de contrôle plus directe, ont suscité des manifestations qui ont été réprimées.
Le Tibet est une région autonome de la Chine avec une population de 3 000 000, dont 90% sont d’origine tibétaine. Il s’agissait d’un pays autonome jusqu’à la révolution communiste en Chine. Le Dalaï-Lama a dû s’exiler et il y a eu une augmentation de l’emprise du gouvernement central.
Les Ouïghours, un peuple turcique à majorité musulmane (Sunni) habitant notamment la région Xinjiang, ont subi des restrictions sur leur religion, avec interdiction de jeûner lors du Ramadan, de porter une tenue religieuse sur les transports en commun, de pratiquer des activités religieuses ‘sur plusieurs localités’, de publier des textes religieux, etc. Il y a eu des allégations de ‘rééducation’, de travail forcé et de stérilisations dans les camps d’internement. Le Chine se défend en parlant d’attaques terroristes et émeutes en Xinjiang et que ce sont des écoles pour la déradicalisation pour ceux qui manifestent un comportement déloyal, ainsi que la lutte contre la pauvreté. Néanmoins, 50 rapporteurs spéciaux et experts du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ont fait une Déclaration Commune sur la répression des droits fondamentaux en Chine et ont fait appel aux Nations Unies et à la communauté internationale pour agir d’une manière collective.
4. Présentation sur l’évolution de la liberté d’expression et la relation de cette liberté avec les réseaux sociaux, en relation avec l’assaut du Capitole de Washington aux États-Unis
M. Colin Robertson et M Alan Sillitoe, membres du Conseil d’Administration de l’ALNU, ont fait une présentation sur la liberté d’expression en relation avec les réseaux sociaux, partant de l’assaut du Capitole de Washington aux États-Unis.
M. Robertson, en introduction, a survolé le contexte actuel où chaque jour nous apprenons quelque chose de nouveau à propos des réseaux sociaux : une personne harcelée, une manifestation organisée, des images inédites, un ancien président américain privé de ses comptes Facebook et Twitter, bloqués contre sa volonté. Il a attiré l’attention sur la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 10 décembre 1948 et comment celle-ci s’applique à la situation.
M. Sillitoe a donné un aperçu historique sur les réseaux sociaux, expliquant que nous sommes dans une situation nouvelle par rapport au passé où, grâce aux médias sociaux, chacun peut devenir journaliste ou disséminer des informations, et ceci quasiment sans frontières et généralement sans contrôle ou modération.
M. Robertson a ensuite donné quelques notions clé sur la liberté et la vie privée, en expliquant les différents acteurs concernés et la difficulté de trouver l’équilibre entre les libertés des uns et le respect de la vie privée des autres. Les institutions de la société veuillent à ce que la vie privée de chacun est respecté selon la Déclaration universelle, ainsi que d’autres instruments juridiques internationaux, européennes, et nationaux concernant le Luxembourg. Les fournisseurs des médias règlent le jeu. Ils créent et gèrent les plateformes. Ils imposent des obligations sans négociation des termes.
M. Sillitoe a expliqué qu’aux États-Unis, la Constitution interdit au gouvernement de restreindre la plupart des formes de discours, mais permet aux entreprises privées de créer leurs propres règles pour restreindre la parole. D’autre part, une loi de 1996 sur les télécommunications, dans sa ‘section 230’, protège les médias sociaux d’attaques contre les contenus mis en ligne par des tierces personnes. Une loi similaire existe aussi dans l’U.E, toutefois, on commence à voir des lois plus contraignantes.
M. Robertson a conclu en encourageant à réfléchir s’il n’y a pas un risque d’éliminer des libertés de communication dont nous avons besoins pour notre vie en démocratie, et qui décide ce qui est ‘vrai’ ?’
5. Le Séminaire s’est terminé avec des questions et des réponses. Mme Surbey a expliqué qu’il y avait des jeunes en Russie qui n’étaient pas au courant des goulags, et à qu’il y avait une nostalgie pour l’Union Soviétique. Cependant, il ne fallait pas généraliser, car beaucoup de personnes sont très mobilisées et actives politiquement. Lors de sa visite elle n’a jamais ressenti de la peur à Moscou.
M Robertson a expliqué la difficulté de modifier la Déclaration des droits de l’homme pour l’adapter aux réseaux sociaux. L’UDHR a été adoptée à une époque où il y avait une volonté forte de ne plus faire comme avant, beaucoup a été construit sur cette base, on risquerait de faire marche arrière et déstabiliser les acquis. La liberté fait aussi partie de la vie privée. Il faut trouver des équilibres.
M Sillitoe a observé que les communications utilisant les nouvelles technologies sont en train de prendre une telle ampleur, que personne ne peut s’exprimer correctement. Chacun doit avoir le droit de s’exprimer, mais nous sommes submergés par la vague d’information.