Le séminaire a eu lieu au siège de l’ALNU à Strassen
Introduction par M. André Rollinger, président de l’ALNU
M. André Rollinger, président de l’ALNU, souhaite la bienvenue à tous les participants à ce séminaire annuel de l’association « Info sharing on key UN topics ». De plus en plus, le multilatéralisme et la coopération internationale sont soumis aux aléas contraires d’un monde polarisé entre différentes sphères d’influence, d’une multiplication des crises, des conflits et des intempéries extrêmes ainsi que d’une augmentation continuelle des inégalités. Le dernier rapport 2024 des Nations Unies sur le développement durable en fait état au niveau du développement : seulement 17% des objectifs de développement durables (ADD) sont sur la bonne voie, environ 50% connaissant un progrès minimal ou modéré et environ 33% sont bloqués au même niveau ou en régression. Il s’agit d’une bonne opportunité de témoigner d’un support renouvelé pour les objectifs et les missions des Nations Unies dont l’importance reste déterminante pour l’évolution vers une société plus équitable, paisible et prospère dans un environnement naturel sain et varié.
Ce séminaire est destiné à mettre en évidence certaines priorités du Sommet mondial sur l’avenir des Nations Unies, qui a eu lieu au mois de septembre 2024. Parmi ces priorités, il convient de relever pour cette année celle accordée à la science, à la technologie et à l’innovation. Une autre priorité transversale récurrente concerne les besoins adéquats de financement pour les pays du Sud, qui sont en augmentation très nette, y compris à cause de l’accentuation du changement climatique et de la perte de la biodiversité.
Les intervenants de gauche à droite : M. Pascal Fabing, Mme Rahsan Celik, M. Francesco Carollo, Mme Véronique Dockendorf, M. André Rollinger
Intervention de Mme Rahsan Celik, secrétaire générale de l’ALNU
Mme Rahsan Celik, Secrétaire Générale de l’ALNU, a partagé un aperçu global sur le « Sommet de l’Avenir » qui s’est tenu du 22 septembre 2024 au 23 septembre 2024 à New York. De plus, elle a transféré quelques messages clés qu’elle a obtenus pendant sa participation au colloque « Femmes : Forces de Développement » organisé par l’Association Française pour les Nations Unies (AFNU) le 18 septembre à Paris.
Lors du sommet, le Pacte pour l’avenir, qui comprend un accord mondial Pacte numérique et une Déclaration sur les générations futures, a été adopté. Le Pacte pour l’avenir comporte les 5 chapitres suivants : Développement durable et financement ; Paix et sécurité Internationale ; Science, technologie et Innovation et coopération numérique ; Jeunesse et générations futures ; et Transformation de la gouvernance mondiale. Entre autres, les Etats membres de l’ONU se sont engagés à accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 en gardant la vision claire d’un multilatéralisme et en prenant des actions intensifiées.
Quant à l’évènement de l’AFNU, le focus a été mis sur l’Egalité entre les femmes et les hommes (EFH) liée à la thématique du 19ième sommet de la Francophonie. A cette occasion, l’importance de l’empouvoirement des femmes et le rôle crucial des femmes en tant que porteuses de solutions concrètes, innovantes et entrepreneuriales pour promouvoir l’EFH et le développement durable ont été soulignés. Néanmoins, il y a encore plusieurs défis et obstacles persistants dans l’espace francophone concernant les droits de femmes à surmonter.
Question et réponse : Pourriez-vous donner un exemple/nom d’une femme dirigeante qui avait participé à l’événement de l’AFNU ? Différentes femmes dirigeantes sont intervenues comme p.ex. Corina CALUGARU, Ambassadrice de la République de Moldavie en France.
Intervention de Mme Véronique Dockendorf, directrice des Affaires politiques au Ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE)
Mme Dockendorf a expliqué que l’adoption par consensus du Pacte pour l’Avenir relevait presque du miracle, après cinq révisions et un dernier drame. Malgré l’opposition de quelques pays comme la Syrie, le Venezuela, le Nicaragua et l’Iran, le groupe africain a joué un rôle clé en appelant le président de l’Assemblée générale à avancer, neutralisant une tentative russe de bloquer le processus. Ce pacte couvre des enjeux mondiaux majeurs, accompagné d’un volet numérique essentiel pour encadrer les développements technologiques.
Mené par deux facilitateurs, l’Allemagne et la Namibie, ce processus constitue un legs pour António Guterres, dont le mandat s’achève au mois de juin 2026. Le Luxembourg s’est engagé à soutenir les travaux sur le thème « femmes, paix et sécurité », se concentrant sur la participation des femmes aux négociations de sortie de crise, domaine où le pays possède une expertise.
Malgré les défis géopolitiques, ce sommet a confirmé la pertinence de l’ONU comme organisation multilatérale indispensable. Mme Dockendorf a aussi évoqué le récent vote au Conseil de sécurité où les États-Unis ont rejeté un cessez-le-feu à Gaza, exigeant sa simultanéité avec la libération des otages.
Le Luxembourg, qui termine son mandat au Conseil des droits de l’homme, a contribué à une résolution historique sur les droits humains en Russie. Mme Dockendorf s’est dit préoccupée par des lois israéliennes visant l’UNRWA, tandis que le Luxembourg a renouvelé son soutien financier à l’agence via un accord triennal.
Question et réponse : Est-il vrai qu’il y a une précarisation du personnel de l’ONU qui met à mal la continuité des efforts de l’organisation ? L’ONU n’a jamais assez d’argent parce que ce sont les États membres qui négocient le budget. La grande crainte est avec l’administration Trump qui arrive.
Intervention de M. Francesco Carollo, membre de l’ALNU
Dans son intervention, M. Francesco Carollo, membre de l’ALNU, a abordé le thème “Science, technologie et innovation” (STI) pour le renforcement de l’agenda 2030 des ODDs et l’éradication de la pauvreté dans une période de crises multiples : la prestation effective de solutions durables, résilientes et innovatives. Dans ce cadre, il a évoqué sa participation au ‘STI Forum 2024’ des Nations Unies à New York le 9 et 10 mai.
Une gestion intégrée de l’eau renforce la résilience à de multiple crises, y compris le changement climatique. Au niveau du degré l’implémentation de ressources intégrées d’eau, il existe des différences notables surtout entre les pays du Nord et du Sud. Une prise de décision basée davantage sur les données, le développement d’une main d’œuvre qualifiée, une technologie innovante y compris l’intelligence artificielle et une collaboration intersectorielle solide s’avèrent nécessaire.
En Éthiopie, une technologie de conversion de déchets à énergie a été mise en œuvre pour la première fois en Afrique en 2018. Le processus du traitement journalier de 1.400 tonnes des déchets solides – 80% du total de la ville d’Addis Ababa – permet de générer de l’électricité pour jusqu’à 30% des ménages de cette ville.
A Djibouti en Afrique de l’Est, la Banque européenne d’investissement soutient pour un montant total de 79.000.000 EUR des projets de dessalement de l’eau et de traitement des eaux usées, afin de permettre un accès d’eau propre à plus de 555.000 personnes.
Question et réponse : Comme les changements technologiques sont très rapides, comment est-ce que les pays du Sud peuvent encore suivre cette évolution accélérée ? Ces pays doivent être intégrés davantage dans le processus de transfert de technologies innovantes et bénéficier à cet effet de meilleures conditions financières de la part des pays du Nord.
Intervention de M. Pascal Fabing, expert secteur privé et innovation de LuxDev
Dans son intervention, M. Pascal Fabing, Expert Secteur Privé et Innovation du « Luxembourg Development Cooperation Agency » (LuxDev), a donné quatre exemples des projets d’innovation de Luxdev.
Il a expliqué le problématique de l’accès à l’eau potable sur l’île de Brava au Cabo Verde et comment Luxdev tente de remédier à cette situation en installant une unité de dessalement solaire, afin de proposer un accès universel et continu à l’eau potable de qualité et en quantité nécessaire, à un prix abordable.
Au Sénégal, à travers le « LuxAid Challenge Fund » Luxdev soutient le développement des systèmes de marché afin d’aider les populations vulnérables, notamment des jeunes femmes, à bénéficier d’opportunités économiques. Il a donné l’exemple des produits « Lionceau », des farines infantiles intégrant des produits forestiers non ligneux locaux qui offrent aussi un débouché aux cultivateurs de céréales locaux.
Le Kosovo a la population la plus jeune d’Europe, mais le taux de chômage chez les jeunes, et surtout les femmes, est très élevé. Luxdev soutient un projet de coopération bilatérale en appui au Ministère de l’Industrie, de l’Entrepreneuriat et du Commerce pour soutenir le développement de l’écosystème d’innovation.
Enfin, au Luxembourg, avec le projet LuxAid BRIDGES, Luxdev aide les populations vulnérables en étudiant quels incitatifs peuvent encourager certains acteurs du marché à mettre en place les changements nécessaires pour que la situation devienne plus profitable à tous (win-win).
Question et réponse : Quel est le secteur que Luxdev est le plus engagé du point de vue des projets » ? En réponse, M. Fabing a souligné que le premier objectif de Luxdev n’est pas de vendre des services des entreprises luxembourgeoises, mais plutôt d’être à l’écoute des besoins.
Intervention de M. Georg Poensgen, délégué de la jeunesse du Luxembourg pour les Nations Unies (rapport lu par Rahsan Celik)
M. Georg Poensgen, Jeune délégué du Luxembourg auprès de l’ONU, ne pouvait pas participer au séminaire à cause des obligations universitaires. D’une manière représentative, Mme Rahsan Celik, en tant que membre du Groupe de l’Accompagnement du Programme « Délégué (e)s de la Jeunesse auprès des Nations Unies » (Luxembourg), a partagé son intervention sur l’engagement des jeunes à l’ONU.
Le mandat de Mme Laura Tesser et M. Georg Poensgen en tant que jeunes délégués luxembourgeois 2024/2025, et « agents clés de changement et d’innovation », a débuté le 1 avril 2024.
Etant conscients d’affectation des résultats de l’ONU sur leurs vies et leurs avenirs, les jeunes se sont impliqués activement dans l’ONU.
Les principaux objectifs de leur mandat consistent de la phase de consultation nationale en préparation de la visite et la représentation de la jeunesse luxembourgeoise lors de l’Assemblée générale à l’ONU.
Du 6 octobre au 17 octobre, M. Poensgen a représenté la Jeunesse du Luxembourg en recevant accès aux Nations Unies à New York en tant que membre de la délégation luxembourgeoise par la Mission permanente du Luxembourg auprès de l’ONU.
Il a contribué activement aux interventions sur des sujets clés dans la 3ième Commission. De plus, il a coorganisé un « side-event » et a échangé avec d’autres diplomates et agences, ainsi qu’avec des délégués de l’ONU. En outre, la participation à une prise de décision au niveau global et la promotion d’une meilleure inclusion des jeunes dans les initiatives internationales ont aussi eu lieu à cette occasion.
Question et réponse : Quand est-ce que le programme « UNYDs Luxembourg » a été implémenté au Luxembourg ? Le programme a été initié au Luxembourg en 2017 conjointement avec le Ministère des Affaires étrangères et européennes, le Ministère de l’Education nationale et de l’Enfance et de la Jeunesse, l’ALNU, le CGJL (Jugendrot) et le Zentrum fir politesch Bildung. »
Les participants du séminaire (photo prise par M. André Rollinger, président de l’ALNU, aussi présent)