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Séminaire du Projet des Lycées du 8 mars 2022

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Introduction par M. André Rollinger

M. André Rollinger, président de l’ALNU, a adressé ses félicitations aux élèves et aux professeurs des trois lycées qui participent au Projet 2022. M. Rollinger a souligné que ce projet porte spécifiquement sur les droits sociaux, économiques, culturels et environnementaux et sur les personnes et groupes qui s’engagent en leur faveur en tant que défenseurs et acteurs de ces droits. Les trois grands piliers des Nations Unies – paix et sécurité, développement et droits de l’homme – sont d’une importance égale, intrinsèquement liés et interdépendants. M. Rollinger a donc rappelé qu’une approche de complémentarité, de cohérence, d’équilibre et de proportionnalité est nécessaire entre la mise en œuvre des droits de l’homme d’une part et du développement, encadré par les objectifs de développement durables pour la période 2015-2030 d’autre part.  

Présentation de l’ONGD Frères des Hommes (fdh) du projet « Organisations communautaires promouvant leurs droits pour la construction de la souveraineté alimentaire » au Guatemala, avec un éclairage spécial sur l’approche genre à l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes.

Mme Nadège Zimmer, Chargée de Projets Amérique latine, Éducation au Développement au Luxembourg et Plaidoyer, a brièvement présenté fdh et son programme Sud 2018-2022 « Acteurs de changement communautaire : penser global, agir local » cofinancé par le MAEE.

Fdh concentre ses activités en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso et au Sénégal, et en Amérique centrale, au Nicaragua et au Guatemala, en soutenant huit associations partenaires de longue date expérimentées dans le développement local. L’une d’elle est l’Association communautaire pour le développement Serjus. Elle intervient dans les communautés guatémaltèques en tant que promoteur des droits humains, formateur en agroécologie et facilitateur de services juridiques et sociaux. Elle accompagne plus précisément des organisations communautaires à exercer leurs droits, notamment en termes de participation citoyenne et d’alimentation. Serjus soutient en effet l’agriculture familiale durable basée sur l’agroécologie afin de contribuer à l’autoconsommation et la vente en circuit court de produits de qualité.

Les activités du projet visent particulièrement à permettre aux femmes de participer à leur propre développement, à renforcer leurs capacités et leur pouvoir économique, social et politique. Pour expliquer comment de tels objectifs peuvent être atteints, « la parole a été donnée » à la coordinatrice du projet, Mme Claudia Ruíz Loarca, via une courte vidéo d’interview mené quelques jours plus tôt, lors de sa visite à Luxembourg, en vue de ce 8 mars 2022.

Mme Ruíz Loarca Mme Ruíz Loarca coordonne notamment les activités de soutien aux femmes du peuple Kiché. Celles-ci subissent le patriarcat machiste du Guatemala. Souvent violentées et généralement privées de ressources productives, elles trouvent une voie de développement grâce au projet. Les interventions de Serjus s’appuient sur sa politique institutionnelle de genre qui propose une approche de l’égalité des droits adapté à un féminisme communautaire et décolonial.

L’accompagnement des femmes part du renforcement de l’estime de soi, depuis la défense de leur corps, de leur intégrité. Les activités favorisent par ailleurs le développement de leurs connaissances et de leurs compétences citoyennes jusqu’à influencer les gouvernements municipaux dans un premier temps et ensuite avoir un impact au niveau départemental, régional et national. C’est notamment le cas avec la Loi de développement économique des femmes, un projet qui unit toutes les femmes. L’interview intégrale : https://www.youtube.com/watch?v=5nVRMV1Rtlg

Mme Zimmer a ensuite projeté des photos pour illustrer les activités du projet, en mettant l’accent sur les objectifs connexes de développement durable. Par exemple, elle a montré comment l’utilisation de biopesticides et la préservation de la biodiversité dans les cultures locales ont un impact sur la sécurité et la souveraineté alimentaires, ainsi que sur les objectifs de développement durable Pas de pauvreté, Faim zéro, Bonne santé et bien-être et Consommation et production responsable.

Suite à la présentation, plusieurs questions ont été posées par les élèves. Quant à la possibilité, par exemple, soulevée par une étudiante, que les projets puissent ne pas rester limités à des populations et des zones restreintes, Mme Zimmer a expliqué que, certes, les projets concernent des populations ‘cibles’ (certaines communautés, certains groupes locaux) mais néanmoins qu’au fur à mesure que les bénéficiaires directs s’approprient leurs droits, et surtout les exercent, ce passage à la pratique sert d’exemple et fait tache d’huile. C’est un travail de fourmis qui permet aux changements sociétaux de s’opérer petit à petit.

En réponse à la question de la nécessité de partages de connaissances agroécologiques entre les peuples autochtones, Mme Zimmer a expliqué que, bien que les peuples autochtones possèdent encore certains savoirs ancestraux, une pratique et un respect des cycles de la vie, ces savoirs sont souvent court-circuités par d’autres pratiques venues de l’agro-industrie : engrais chimiques, herbicides, pesticides… sont répandus. Il s’agit donc de récupérer et favoriser les savoirs ancestraux, et de les complémenter avec des pratiques agroécologiques adaptées.

Présentation par Mme Sara Delmonte de l’ALNU, d’un défenseur et d’un acteur pour les droits des peuples autochtones : M. Yanuwana et son engagement en Guyane ; le groupe de travail de la Local Community and Indigenous People Platform, plateforme des Nations Unies qui agit au niveau international notamment dans le domaine du changement climatique

L’intervention de Mme Delmonte s’est concentrée sur la difficile réalité des peuples autochtones dans le monde, et en particulier la situation des indigènes de Guyane française. Les autochtones de Guyane française sont menacés aussi par les projets d’extraction d’or, qui empoisonnent leurs terres et leurs eaux. En particulier, le cas du projet de « montagne d’or » a été décrit, qui prévoyait la déforestation de plus de 1500 hectares de terres dans une zone de réserves naturelles et de riche biodiversité sur le territoire du peuple Kali’na.

Mme Delmonte a expliqué les droits de l’homme des peuples autochtones reconnus par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 et elle a identifié ceux qui sont encore menacés et non respectés aujourd’hui, comme par exemple, le droit de posséder, d’utiliser, de développer et de contrôler leurs territoires et leurs ressources, le droit de déterminer leurs propres priorités de développement, de participer à la prise de décision et de donner leur consentement libre, préalable et éclairé avant tout projet affectant leurs terres notamment dans le contexte du cas présenté. Elle a également évoqué les différents mécanismes prévus par les Nations Unies M. Yanuwana https://www.equaltimes.orgpour agir afin de protéger et défendre ces droits, notamment les mécanismes basés sur la Charte des droits des indigènes (par exemple le forum permanent sur les problèmes des indigènes, le conseil des droits de l’homme, le rapporteur spécial et le mécanisme d’experts sur le droit des peuples indigènes…) et ceux basés sur les traités internationaux. Parmi ces derniers figurent le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Comité des droits de l’homme et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale qui a permis de bloquer le projet de « montagne d’or ».

Une attention particulière a été accordée à M. Yanuwana et à son association Jeunesse autochtone de Guyane (JAG), qui sensibilise l’opinion publique aux différentes questions relatives aux revendications des peuples autochtones et mène des projets sociaux, éducatifs et culturels dans les différents villages autochtones de Guyane, en mettant en réseau toutes les forces vives du monde indigène.

Ensuite, Mme Delmonte a présenté la Plate-forme des Nations Unies pour les communautés locales et les peuples autochtones, un outil créé en 2015 dans la convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques, pour ‘renforcer les connaissances, les technologies, les pratiques et les efforts des communautés locales et des peuples autochtones liés à la lutte et à la réponse au changement climatique ‘. https://lcipp.unfccc.int/

Dans le cadre de cette plate-forme, il existe un groupe de travail de facilitation (GTF) qui est composé de 14 représentants, la moitié étant nommée par des groupes régionaux et l’autre moitié représentant des organisations de peuples autochtones. L’engagement des indigènes est crucial car les peuples autochtones gèrent plus de 80 % de la biodiversité de la planète et ils possèdent des connaissances et des valeurs orientées vers la nature et accumulées au fil des générations.

Le groupe de travail de facilitation (GTF) https://unfccc.int/LCIPP-FWG

Les lycéens ont soulevé différentes questions, notamment sur la nécessité d’activisme pour défendre les droits qui sont reconnus par les chartes des droits de l’homme et des droits des peuples indigenes, et sur la possibilité de s’engager eux-mêmes. Mme Delmonte a rappelé que, lorsque les droits ne sont pas respectés, il est nécessaire d’élever la voix pour demander à ceux qui le peuvent d’agir, et aussi que l’engagement – même s’il est très laborieux et difficile – peut apporter des solutions et des résultats, comme par exemple pour le cas de la « montagne d’or ». La première étape de l’engagement est de partager l’information, comme le fait JAG et puis d’aider les personnes à prendre conscience qu’ils ont effectivement des droits qu’ils doivent défendre. Ensuite, il faut leur faire comprendre qu’ils ont un statut plus significatif qu’ils croient eux-mêmes.

En réponse à la question si la lutte écologique et climatique peut aider les peuples autochtones, Mme Delmonte a rappelé que les indigènes figurent parmi les plus pauvres de la planète, et ils sont les plus menacés par les effets du changement climatique. Ils dépendent de la terre et des ressources naturelles locales pour leur vie et leur survie. Leurs terres sont souvent touchées de manière plus sévère par des catastrophes naturelles, par exemple, par des incendies dans la forêt amazonienne. Pour toutes ces raisons dans le groupe GTF de la Plateforme des Nations Unies pour les communautés locales et les peuples autochtones il figure un représentant pour les petits états insulaires en développement.

Séminaire du Projet des Lycées du 08 mars 2022